Origine et histoire de l'ancien Collège
Le collège de l'Esquile, ancien établissement de l'université de Toulouse, se situe entre les rues du Taur, des Lois et de l'Esquile, dans le quartier Arnaud-Bernard. Fondé probablement au XIVe siècle ou au début du siècle suivant, il accueillait à l'origine de petits boursiers et doit son nom à la clochette (esquila en occitan) qui marquait la journée des étudiants. Profondément transformé et reconstruit après l'édit royal de 1551, il fut remanié successivement du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle et acquit sa physionomie actuelle au terme de ces campagnes. Les aménagements comprennent une chapelle construite en 1608 et décorée à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, un portique de brique de la fin du XVIIe siècle, une entrée monumentale et un bâtiment sur rue de l'Esquile du début du XVIIIe siècle, ainsi qu'un bâtiment du XVIIIe siècle interrompant la cour. Sous la direction des doctrinaires, après la prise en charge du collège en 1654, l'établissement se développa et devint, avec le collège des jésuites, l'un des deux principaux collèges toulousains. Le collège fut fermé pendant la Révolution française et transformé en Petit séminaire, fonction qu'il conserva jusqu'en 1905. Après 1905, les bâtiments occidentaux furent occupés par l'administration des impôts, tandis que l'ancienne chapelle orientale, reconvertie en salle de spectacle puis en cinéma, joua un rôle important dans la vie culturelle de la ville et dans l'exil républicain espagnol. Depuis 1997, cette chapelle abrite la Cinémathèque de Toulouse. Les bâtiments de l'ancien collège forment, avec d'autres collèges voisins, l'un des derniers ensembles d'architecture universitaire à Toulouse et sont protégés au titre des monuments historiques : la porte principale sur la rue du Taur a été classée en 1910, et les bâtiments bordant la cour principale le long des rues des Lois et de l'Esquile ont été inscrits en 1992 et 1993.
L'ensemble s'organise autour de deux cours accessibles depuis la rue du Taur et la rue des Lois. Le portail de la rue du Taur, achevé en 1556 dans le cadre des travaux de 1554-1558 conduits sous la direction de Nicolas Bachelier, est entièrement en pierre, richement décoré, orné de bossages vermiculés et de blasons des capitouls de 1555-1556, et surmonté d'un attique encadré d'atlantes et d'un fronton portant trois croissants en acrotère. Il ouvre sur une cour trapézoïdale d'environ quarante mètres de long, bordée au nord par des vestiges médiévaux — lancettes et une porte en arc brisé — et à l'ouest par les bâtiments de la Cinémathèque. Les deux corps de bâtiment en fond de cour, anciens chapelle et sacristie du Petit séminaire, présentent une façade néoclassique toulousaine de cinq travées en plein cintre séparées par des pilastres à chapiteaux doriques. L'ancienne chapelle, transformée en bibliothèque de la Cinémathèque, conserve une grande peinture murale intitulée Le Socialisme aux champs, réalisée en 1933 par Jean Druille et redécouverte en 1995; ce pastiche de peinture religieuse montre un paysage agricole où figurent plusieurs personnages autour du chanteur de l'Internationale.
Le grand corps donnant sur la rue des Lois repose sur un noyau médiéval dont subsistent des arcs gothiques; il fut remanié entre 1554 et 1558 puis surélevé en 1678-1679, et sa longue façade de vingt-deux travées s'ouvre par un portail classique voûté en plein cintre, en pierre et brique alternée. Le corps de la rue de l'Esquile, édifié en 1701-1702, s'ouvre par un grand portail en pierre et brique encadré de pilastres ioniques et gravé des blasons des capitouls de l'année. La cour intérieure, organisée entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, réunit la chapelle de 1608, le corps ouest élevé par Gabriel Cazes en 1678-1679 et un bâtiment nord du XIXe siècle, avec des baies en plein cintre au rez-de-chaussée et rectangulaires aux étages. Le collège a formé de nombreux élèves devenus personnages publics, parmi lesquels Paul-Joseph Barthez, Maurice de Guérin, Marc-Guillaume-Alexis Vadier, Antoine Portal, l'abbé Sicard, Jacques-Marie Rouzet, Philippe Pinel, Fabre d'Églantine, François Cabarrus, Joseph Joubert, Joseph Lakanal, Dominique-Jean Larrey, Jean Dominique Compans, Pierre Baour-Lormian, Jean-Étienne Esquirol et Emmanuel Delbousquet.